Les Mots de la Petite Reine

Vous n’avez pas idée de ce qu’est le Tour de France. C’est un calvaire.
Et encore, le chemin de croix n’avait que quatorze stations tandis que le nôtre en compte quinze.
Nous souffrons sur la route, mais voulez-vous savoir comment nous marchons? Tenez… « 
De son sac, il sort une fiole: « ça, c’est de la cocaïne pour les yeux et ça, du chloroforme pour les gencives.
Et des pilules, voulez-vous des pilules? Les frères (Pélissier) en sortent trois boîtes chacun.
« Bref », dit Francis, « nous marchons à la dynamite ». – Les forçats de la route, Albert Londres, 1924

 

Lance Amstrong, la dernière course...

Le dopage fut importé dans les milieux sportifs par les autorités militaires : doubles ou triples rations de gnôle et de pinard des grognards et des Poilus – Utilisation de 72 millions de comprimés d’amphétamines dans les contingents britanniques et surtout chez les pilotes de la RAF pendant la bataille de Londres pour permettre le retour à la vivacité chez le sujet prêt à tomber de sommeil, pour lui procurer un sentiment de bien-être, sans altérer son jugement (Major DNW Grant).

Il avait de l’allure, une belle gueule et une jambe au-dessus des autres. Il leur mettait la chape à tous et d’un Tour à un autre, leur raflait tous les maillots, leur filant une pompe d’enfer, tant il gagnait toutes les courses dans un fauteuil. Son nom n’évoquait-il pas celui d’une flèche ? Lance Armstrong ! Comble d’arrogance, il avait eu aussi le toupet de faire rougir le onze dents au cancer. Ses compagnons de fortune avait bien remarqué que d’une ligne de départ à l’autre, il allumait parfois les phares. Mais ne le faisaient-ils pas aussi ? Depuis les frères Pélissier qui en 1924, avaient confié à Albert Londres qu’ils pédalaient dans l’huile grâce à la cocaïne et autres substances plus ou moins licites pour résister à la souffrance, le sport de la petite petite Reine, baptisée ainsi en 1891 par Pierre Giffard, révéla que ses chemins de gloire empruntait aussi ceux du calvaire. Trop d’excellence finit par être suspecte. Il fallait qu’il devienne un chasse-patate et cesse d’avoir la pancarte. Place aux autres ! La rumeur s’enfla. On l’envoya aux urnes. Il ne roulait pas au pain et à l’eau claire. Il en avait certes naturellement sous la pédale, mais à saler la soupe plus habilement que toutes les autres chaudières qui couraient en rat derrière lui, du type aux chaussettes en titane qui avait de la giclette, adulé par les foules et les média, il rétrocéda au rang peu envieux de celui qui avait la pompe. Les sponsors, ses coéquipiers et tous les Raymond Boyaux, les mamils et autres ténébreux du dimanche qui chatouillent assidument la pédale, ne virent plus en lui qu’une cornue ambulante. Ses maillots jaunes ne furent plus que les défroques pathétiques de ses victoires trompeuses. Désormais, aux yeux de la plupart, il devint celui qui serait éternellement à la ramasse ou plus poétiquement, dans la pampa. Honneurs déchus, médailles blasphèmes, la presse mondiale se chargea de lui faire connaître l’homme au marteau, autrement plus efficace et revanchard que la sorcière aux dents vertes. Sans courir le musette, il lui fallait désormais se refaire cerise, panser ses pizzas, tirer sur la meule, monter aux balustrades et faire le trou. Un homme n’est fini que lorsqu’il le décide.

© L’Ombre du Regard Ed., Mélanie Talcott  – 16 novembre 2012
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