Les Déesses de l’Indus, Paul Eric Allegraud

Une pincée d’Indiana Jones, une pointe de Lara Croft (en mieux selon l’auteur), la plume de Paul-Eric Allegraud, un style fluide et sans chichis, et vous obtenez le dernier PolJack, Les Déesses de l’Indus.

Les ingrédients sont les mêmes que dans n’importe quel polar. Un détective à la marge, ancien de la DGSI, PolJack, qui ressemble en esprit et en goûts littéraires et musicaux comme un frère, à l’auteur, un associé tout terrain, Vincent, et sa copine du moment, Mirella, une as de l’informatique et hackeuse à ses heures, un client friqué, celle-ci de la haute avec un nom à rallonge, Alexandrine de la Bastide d’Encard et une intrigue. Celle-là débute comme une course au trésor, remettre la main sur un objet non identifié en provenance du Gujarat, et en même temps sur Benjamin le petit-fils de la vieille Alexandrine. Pour épicer le tout, quelques meurtres, des dézingués du chef, en l’occurrence des femmes, des déjantés sympathiques, de l’amitié, de l’amour et du désamour, sans zapper bien évidemment quelques scènes de sexe, ici plutôt discret et câlin. Et en route pour l’aventure, du Canada à la rencontre d’une archéologue, Sarah, à la tête pleine, au corps bien fait, le jargon québécois bien accroché à la langue – un peu trop à mon goût, cela colle mal avec le personnage – jusqu’en Inde, dans l’état du Gujarat, où l’action s’intensifie jusqu’au dénouement.

Sous ce prétexte divertissant, l’auteur aborde diverses thématiques d’actualité.
– Le trafic d’œuvres d’art : «On sait que les destructions d’œuvres d’art datant de l’antiquité commises par Daesh sont de la poudre aux yeux et qu’une grande partie des pièces constituent un trésor de guerre qui finit par ressortir sur le marché clandestin. Tant qu’il y aura des collectionneurs sans scrupule pour acheter, les islamistes continueront à amasser de l’argent pour se fournir en armes. »

– Les intégrismes religieux qui essaiment leur barbarie partout sur la planète. Ici, celui qui oppose violemment et depuis des décennies intégristes musulmans et fondamentalistes hindouistes, avec en toile de fond la présence d’Al-Qaïda (entre autres) au Pakistan.

– La nuisance de l’Homme en général, et sa lâcheté en particulier : « la plupart des gens, même en reconnaissant la nécessité de l’action, même si leur vie en dépendait, en seraient tout bonnement incapables. À la vérité, ce n’est pas tant leur conscience qui les retiendrait, mais la peur d’être confrontés à leur propre animalité ; cette animalité que l’homme essaie de fuir depuis qu’il a mis un « H » majuscule au mot humanité. Depuis qu’on lui a inculqué qu’un créateur tout puissant l’aurait fait à son image et placé sur la terre pour dominer toutes les créatures… Tu parles d’une fumisterie ! Ça, pour dominer, il a réussi, l’homme ! Mais par la destruction, pas par ce brillant esprit qu’il croit posséder. En fait, il ne se domine même pas lui-même, et cette animalité qu’il a si bien enfouie, quand elle ressort, c’est pour éclater dans la folie meurtrière de psychopathes qui n’ont plus aucune mesure

– les religions, mono et polythéiste, levier non du spirituel mais de l’argent et du pouvoir et qui conduisent à l’individuel comme au collectif, à l’enfermement et l’asservissement : « Tant que les humains n’auront pas compris que les religions sont des béquilles de l’âme qui nous empêchent d’avancer, je ne donne pas bien cher de notre survie, ni de celle de la Terre. » et à toutes leurs dérives sectaires et autres délires mystiques, afin « d’imposer un monde de paix et d’amour par le fil de l’épée ou le tac-tac-tac des armes automatiques, ça se pratique depuis des millénaires, pas de raisons de changer de méthode. » Dans Les déesses de l’Indus, celles liées au culte de la Déesse-Mère, ce qui conduit quasi naturellement à l’extrémisme féminisme prônant « l’avènement du monde nouveau, dirigé par les femmes », où, bien au contraire de ce que chante le poète, la femme n’est nullement l’avenir de l’homme.

A ces pistes de réflexion offertes en filigrane du récit, il faut saluer l’excellent travail de documentation de Paul Eric Allegraud sur l’Inde, l’histoire de la vallée de l’Indus et de la civilisation harappéenne que de récents travaux font remonter à 7000 ans avant Jésus-Christ.

Les Déesses de l’Indus, un polar à lire comme on boit un thé indien…

 

© L’Ombre du Regard Ed., Mélanie Talcott –25/06/ 2018
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Biographie
L’écriture et moi, c’est une vieille histoire, celle de ces amants qui ne savent pas s’aimer.
On s’est longtemps fréquenté, plutôt par épisodes, se quittant, se retrouvant, sans jamais construire quelque chose de durable. Et puis on a vieilli. Enfin, moi, surtout. Alors après avoir eu d’autres maîtresse – la scène de théâtre fut l’une des plus fidèle – je suis revenu vers elle. De façon plus formelle. « Poljack – les sbires d’Agouna », est le premier fruit de ce mariage de raison et l’amour. Depuis, d’autres sont venus agrandir la famille.

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