Onze novembre…. Un centenaire pour qui ?

J’ai le cafard. Voilà six mois que ça dure, six mois, une demi-année qu’on traîne entre la vie et la mort, cette misérable existence qui n’a plus rien d’humain ; six mois sans espoir. Pourquoi tout ce massacre ? Est-ce la peine de faire attendre la mort si longtemps à tant de milliers de malheureux, après les avoir privés de vie pendant des mois. Nous devenons des brutes. Je le sens chez les autres, je le sens chez moi. Je deviens indifférent, sans goût, j’erre, je ne sais quoi faire.

Lettre d’Etienne Tanty, 1915,

 

Un centenaire pour qui ?

 

monument1

Panneau de gauche
« SI VIS PACEM. PARA BELLUM ! … ou Si tu veux la paix. prépare la guerre ! est une devise dangereuse
SI VIS PACEM. PARA PACEM ! … ou Si tu veux la paix. prépare la paix ! doit être la formule de l’avenir.
C’est à dire : QU’IL FAUT AMÉLIORER L’ESPRIT DES NATIONS EN AMÉLIORANT CELUI DES INDIVIDUS PAR UNE INSTRUC- TION ASSAINIE ET LARGEMENT RÉPANDUE.
IL FAUT QUE LE PEUPLE SACHE LIRE ET SURTOUT COMPRENDRE LA VALEUR DE CE QU’IL LIT.

Panneau Central

monument2

BILAN DE LA GUERRE
PLUS DE DOUZE MILLIONS DE MORTS !
AUTANT D’INDIVIDUS QUI NE SONT PAS NÉS !
PLUS ENCORE DE MUTILÉS, BLESSÉS, VEUVES ET ORPHELINS
POUR D’INNOMBRABLES MILLIARDS DE DESTRUCTIONS DIVERSES
DES FORTUNES SCANDALEUSES ÉDI- FIÉES SUR LES MISÈRES HUMAINES
DES INNOCENTS AU POTEAU D’EXE- CUTION
DES COUPABLES AUX HONNEURS
LA VIE ATROCE POUR LES DÉSHÉRITÉS
LA FORMIDABLE NOTE À PAYER.
La guerre aura-t-elle enfin… assez provo- qué de souffrances et de misères…? Assez tué d’hommes…? pour qu’à leur tour les Hommes aient l’intelligence et la volonté de tuer la guerre..? »

 

Panneau de droite

monument3

SI TOUT L’EFFORT PRODUIT …
ET TOUT L’ARGENT DÉPENSÉ POUR LA GUERRE L’AVAIENT ÉTÉ POUR LA PAIX… ?
POUR LE PROGRÈS SOCIAL, INDUSTRIEL ET ÉCONOMIQUE ?
LE SORT DE L’HUMANITÉ SERAIT BIEN DIFFÉRENT
LA MISÈRE SERAIT EN GRANDE PARTIE BANNIE DE L’UNIVERS, ET
LES CHARGES FINANCIÈRES QUI PÈSERONT SUR LES GÉNÉRATIONS
FUTURES. AU LIEU D’ÊTRE ODIEUSES ET ACCABLANTES …
SERAIENT AU CONTRAIRE DES CHARGES BIENFAISANTES DE FÉLICITÉS UNIVERSELLES.
MAUDITE SOIT LA GUERRE ET SES AUTEURS !

 

Monument érigé en 1922, sur la place de l’église de Saint-Martin d’Estréaux (Loire). Il est formé d’un ensemble de trois panneaux sur chaque face. L’ensemble est surmonté d’une colonne qui porte une urne funéraire. La première particularité réside dans le fait que chacun des 64 noms de la liste des victimes de la guerre est accompagné d’une photographie.

 

 ****

 

Après la catastrophe du Chemin des Dames (environ 200 000 morts côté français) sous le commandement du général Nivelle, de mai à juin 1917 on compta officiellement 250 mutineries déclarées (3 427 condamnations dont 554 à mort), ce qui représenta selon les chiffres entre 40 000 et 100 000 mutins.

 

La Chanson de Craonne (situé au cœur de la bataille du Chemin des Dames), interdite par le commandement militaire d’alors (1917), et qui accompagna les mutins, le restera en France jusqu’en… 1974 !

 

La chanson de Craonne

dite la chanson des sacrifiés

Quand au bout d’huit jours le repos terminé
On va reprendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c’est bien fini, on en a assez
Personne ne veut plus marcher
Et le cœur bien gros, comm’ dans un sanglot
On dit adieu aux civ’lots
Même sans tambours et sans trompettes

On s’en va là-bas en baissant la tête

Refrain :
Adieu la vie, adieu l’amour
Adieu toutes les femmes
C’est bien fini, c’est pour toujours
De cette guerre infâme
C’est à Craonne sur le plateau<
Qu’on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous des condamnés
C’est nous les sacrifiés

Huit jours de tranchée, huit jours de souffrance
Pourtant on a l’espérance
Que ce soir viendra la r’lève
Que nous attendons sans trêve
Soudain dans la nuit et le silence
On voit quelqu’un qui s’avance
C’est un officier de chasseurs à pied
Qui vient pour nous remplacer
Doucement dans l’ombre sous la pluie qui tombe
os pauvr’ remplaçants vont chercher leurs tombes

C’est malheureux d’voir sur les grands boulevards
Tous ces gros qui font la foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c’est pas la même chose
Au lieu d’se cacher tous ces embusqués
F’raient mieux d’monter aux tranchées
Pour défendre leurs biens, car nous n’avons rien
Nous autres les pauv’ purotins
Et les camarades sont étendus là
Pour défendr’ les biens de ces messieurs là

Refrain :
Ceux qu’ont le pognon, ceux-là reviendront
Car c’est pour eux qu’on crève
Mais c’est fini, nous, les troufions
On va se mettre en grève
Ce sera vot’ tour messieurs les gros
De monter sur le plateau
Si vous voulez faire la guerre
Payez-la de votre peau

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