Le Mozart de la finance et l’enfer de Dante

Un infâme aventurier, élu par une illusion populaire pour présider aux destinées de la République, profite de nos discordes civiles pour déchirer la Constitution, suspendre les lois, chasser, emprisonner les représentants, assassiner par ses satellites ceux qui, en résistant, remplissent le plus sacré des devoirs, il ose, le couteau sur la gorge, nous demander la tyrannie. Paris ressemble en ce moment à une femme attachée, bâillonnée et violée par un brigand. Si j’étais libre, je m’ensevelirais sous les ruines de la République avec les citoyens fidèles, ou bien j’irais vivre loin d’une patrie indigne de la liberté. – Proudhon – 4 décembre 1851

 

Nos élites seraient hors-sol. Le mot m’amuse. Il me renvoie à d’autres qui ont une connotation moins restrictive et plus poétique, comme tête en l’air, ne pas avoir les pieds sur terre, être à l’ouest, ne pas avoir la tête sur les épaules.
Des élites hors-sol, depuis les premiers chefs de guerre consacrés rois jusqu’aux gouvernants actuels, l’Histoire mondiale en compte une pléthore. Et toutes ont en commun une chose, celle d’avoir envoyé leurs peuples au sous-sol, souvent avec leur accord tacite préalable. Car les peuples, eux aussi, sont hors-sol. Foules hystérisées ou d’une complaisance teintée de j’men foutisme et pire de lâcheté, ils ont voté – et votent – librement les uns, leur donnant leur consentement et leur déléguant par là-même leur pouvoir d’auto-détermination. Ils en ont acclamé – et en acclament – d’autres qui leur furent imposés, avant de collaborer ouvertement ou en silence aux chantiers idéologiques de leur Pygmalion politique. Mais dans un cas comme dans l’autre, toujours en comptant qu’ils fassent le job. Cela fait plusieurs décennies que cela perdure. Pourquoi alors ces réveils tardifs et sporadiques, plein d’étonnement, qui nous fait dire actuellement devant l’ubuesque gestion macronienne de la pandémie : comment en est-on arrivé là ?

Ne nageant pas dans les mêmes eaux, le réel d’en-haut est en porte à faux avec celui d’en-bas. Comme d’hab, quelle que soit l’époque, vient un moment où le contrat politique ne s’ajuste plus du tout à la réalité du quotidien des peuples. Les fractures que les médias « mainstream » qualifient évasivement de « sociales », ont toujours existé et, hier comme aujourd’hui, nos élites écoutent discrètement nos doléances en affichant une condescendance et un cynisme de classe. Les premières lévitent, les seconds pourrissent lentement sur pied. Dommage que les écrans plats soient imperméables aux balles, car nos Pieds Nickelés consensuels, Macron, Castex et Véran se rendraient compte combien nos rires sidérés par leur connerie crasse peuvent être assassins.
Les mêmes causes produisant irrémédiablement les mêmes effets, les peuples finissent toujours par descendre dans la rue pour réclamer ce qu’ils estiment être leur dû. Pourquoi toujours cette fraternité de la misère et de la colère en lieu et place de celle du bien-être et de la loyauté, au premier chef, vis-à-vis de nous-mêmes ? Loyauté… un mot obsolète.
Oui je sais… ça fait chier.

Hors-sol… Nos élites actuelles le sont, c’est indiscutable, d’autant plus qu’elles sont sous la coupe d’un pur produit marketing stratégiquement coaché pour séduire et sans cesse se réinventer, un être atteint du syndrome d’hubris,1 trouble de la personnalité dont l’agent pathogène n’est pas un virus, mais l’exercice du pouvoir. Sa manifestation clinique s’affiche dans le narcissisme et l’arrogance, la prétention et l’égotisme, la gestion du mensonge et l’absence criante de curiosité pour autrui, une auto-estime pauvre, doublée d’un souci disproportionné pour son image et son contrôle. Pour le mettre en scène : une mise vestimentaire d’une sobriété classique au boulot ou bon chic bon genre pour la détente, et une diction claire, monotone, ponctuée d’inspirs théâtraux, un ton plombé grave patelin pour nous confier les décisions qu’il prend. Depuis peu, seul, planqué dans son bunker secret défense où il plume allègrement la démocratie comme une volaille , aboutissant ainsi à la centralisation inédite des pouvoirs. Maître des Horloges réformiste d’un peuple peu enclin à devenir une nation start-up, chef de guerre autoproclamé dont le génie stratégique brille par son absence, thérapeute omniscient et omniprésent, qui se proclame toujours innovant. Insufflant une atmosphère anxiogène dont il se veut le thaumaturge, le voilà garant exclusif de notre santé physique et mentale. « Je sais tout, je suis tout, je veux tout contrôler…  » Entre manque d’empathie, le besoin d’être au-dessus du commun des mortels. Jupiter devenu Atlas… A lui seul, il signifie l’ordre juste du monde.
Oui je sais… ça fait chier.

Les colères, les difficultés, les souffrances et les attentes, hier des gilets jaunes, aujourd’hui de la grande majorité des Français, il n’en a rien à battre. C’est de la branlette face à l’actuelle responsabilité messianique qui lui échoit. Vaincre un virus, sauver la peau de ses « chers compatriotes ». Tel une vigie dans son nid-de-pie, il guette les pics et les creux de la houle covidienne. Il y navigue à vue et l’interprète, apparemment confiant à l’excès dans son propre jugement et imperméable à toute critique ou contradiction.

A partir de cet invisible ennemi microscopique, qui n’est ni le premier, ni ne sera le dernier à mettre en gerbe les êtres humains, Emmanuel Macron a construit une espèce d’enfer de Dante, condamnant la majorité d’entre nous à un exode immobile, tandis qu’une minorité, le haut du panier de crabes, a migré sous de cieux plus cléments, dans des pieds à terre paradisiaques, leurs ghettos de luxe où l’on peut se promener sans risquer une amende, respirer un air pur sans être obligé d’ouvrir les fenêtres, lire un bouquin sans devenir un esprit non essentiel ou encore embrasser « papy et mamy » comme du bon pain, sans être menacé de meurtre par omission, aller bouffer au resto sans masque, avant d’aller se soulager dans un claque étoilé…. Le tout, bien évidemment en respectant les gestes barrière. Le virus, lui aussi, est soumis à la lutte des classes !

C’est ainsi que peu à peu, Macron nous a imposé une liste non-exhaustive de mesures nécessaires, contraignantes, parfois inutilement coercitives, souvent discutables et surtout d’une incohérence ubuesque. Ainsi, ne nous affirme-t-il pas actuellement que l’on arrive dans une période où la pandémie décline et en même temps, il nous parle d’enfermer les gens, par contention comme dans les hôpitaux psychiatriques !
Peu à peu nous glissons, tissu social, affectif, culturel, religieux, économique, au fin fond du cône renversé et infernal imaginé par Dante, où gît déjà la dépouille de la démocratie. La peur et la paranoïa règnent au sein du gouvernement. Voilà que l’on renvoie, QI contre QI, la patate chaude de ce bordel sanitaire aux Hauts Fonctionnaires. Véritable caste politisée, elle aussi hors sol, attachée à son impunité et éminences grises du politique, les voilà qu’ils justifient – croix de bois croix de fer, si je mens je vais en enfer – leurs diktats par la maîtrise incontestable de leurs dossiers. Et tous, les uns comme les autres de manger au même râtelier, entre cumul des mandats et intérêts publics et privés.3

Le diable se cache dans les détails, écrivait Nietzsche dans son Zarathoustra. Le père fouettard, lui, semble se planquer dans la hotte de notre Père Noël. De confinement en déconfinement, de confinement en couvre-feu, de mesures essentielles en mesures oppressives et non essentielles, de lois liberticides en lois liberticides anticonstitutionnelles, d’appels démagogiques à la responsabilité citoyenne et solidaire en prêches culpabilisants, moralisateurs et infantilisants – n’est pas Prévert qui veut – toutes les bougies du politique Macron se sont éteintes les unes après les autres. Le storytelling jupitérien a viré à la farce grotesque.

Comme d’hab, nous voilà, encore et toujours, avec nos godasses sous le sapin attendant comme des mômes que Macron et ses curateurs veuillent bien nous prescrire à la carte nos bons de sorties. Ski, pas ski ? Noël, pas Noël ? Réveillon de fin d’année, pas réveillon ? Voyage, pas voyage ? Sapin, pas sapin ? Commerces, pas commerces ? Avec ou sans dimanche ? Théâtre, pas théâtre ? Resto, pas resto ?
Les plus belliqueux espèrent 2022 et la voix des urnes pour faire valser leur star ! Le peuple ronge son frein, fait sa révolution sur les réseaux sociaux, tout en guettant la débâcle pour sortir virtuellement sa guillotine, à défaut de trouver le courage improbable de déclarer fermement à l’unisson : « Basta… de vos conneries… et aussi de notre lâcheté ! » Car il faut bien le reconnaître, le peuple est une Fake News. Un concept intellectuel,  un outil électoraliste, une entité d’opinions divergentes, de frustrations collectives et de paranos personnelles, chacun y défendant son pré carré, peu soucieux de l’état de celui de son voisin. On râle, on gueule, on se plaint, on critique, on commente, on polémique, on discute, on opine sur des agoras digitales. On se flagelle, on cherche un coupable et on finit par rentrer à la niche la queue entre les jambes, en espérant secrètement que monte sur la scène de nos délires collectifs, quelqu’un – plutôt que quelqu’une – apte à continuer de nous égarer dans le sens de l’Histoire.
Pendant ce temps, tels des Ponce Pilate encartés par un juteux mais monstrueux “shadow banking” vaccinal, véritable OPA des Big Pharma qui jouent à la roulette avec notre avenir – ARN messager vaccinal , une technologie disruptive (expérimentale dont l’efficacité n’est pas prouvée) – les politiques et la finance mondialisée se serrent la pince et nous annoncent la victoire. Sauvés par un shoot3 et son « ausweis » sanitaire !
Sans déconner, qu’attendiez-vous d’un banquier, que son mentor Rothschild qualifia affectueusement de Mozart de la finance ?
Oui je sais… ça fait chier.

© L’Ombre du Regard Ed., Mélanie Talcott –29/11/2020
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Notes
1. – Le syndrome d’Hubris ou orgueil démesuré, prend racine dans la mythologie grecque et dans la psychanalyse. Inoculé par le germe du pouvoir, le héros se prend vraiment pour un dieu de l’Olympe. Dans la légende, toutefois, Némésis, la déesse de la vengeance, a tôt fait d’y remédier et de le remettre à sa place. Mais ça, c’est un autre chapitre ! Les symptômes de ce nouveau tableau clinique ont été étudié par David Owen, médecin et politicien anglais, dans son livre « The Hubris syndrome : Bush, Blair and the Intoxication of Power » et par Jonathan Davidson, psychiatre au Centre Médical de l’Université Duke, à Durham aux États-Unis, dans un article publié dans la revue de neurologie Brain. Les signes et les symptômes du syndrome d’Hubris sont la perte du sens des réalités, l’intolérance à la contradiction ou au compromis, l’impulsivité, l’abus de pouvoir, le narcissisme, l’arrogance, la mégalomanie, la prétention, l’égotisme, le sentiment d’invulnérabilité, d’invincibilité et de toute-puissance. La particularité du symptôme d’Hubris est que tout le monde voit que « le roi est nu », sauf le « Chef » et ses partisans, ou, devrait-on dire, ses courtisans.
2. Les Voraces, les élites et l’argent sous Macron , éd Robert Laffont, par Vincent Jauvert, Exemple : « Pierre Fond : cet énarque, inspecteur des Finances, membre de l’élite des « grands argentiers » de Bercy, exerce la fonction sensible de « comptable principal » du CNES, l’établissement public qui construit la fusée Ariane. Pour un salaire brut, révèle le livre, de 215 000 euros par an. Malgré ce job que l’on imagine prenant, le haut fonctionnaire mène une carrière politique remplie : maire (LR) de Sartrouville, une ville des Yvelines de 52 000 habitants, président de la communauté d’agglomération et vice-président du conseil départemental ! Les indemnités afférentes s’élevant à 8434 euros nets mensuels, l’élu-fonctionnaire toucherait au total, selon l’auteur, quelque 33 000 euros bruts par mois. De l’argent public. »
3. Selon le médecin en chef de Moderna, Tal Zaks, les résultats des essais cliniques « ne montrent pas qu’ils vous empêcheront de porter ce virus de façon transitoire et d’infecter d’autres personnes… » Et d’ajouter : « il est important que nous ne modifions pas les comportements – (entendez les gestes barrières) uniquement sur la base de la vaccination. »
A lire : dans le Courrier des stratèges à propos des vaccins ARN messager.

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