Jupiter, le dieu des pétards mouillés

En 1466, « le poisson d’avril » désignait un « entremetteur, intermédiaire, jeune garçon chargé de porter les lettres d’amour de son maître ». En ce 1er avril 2021, le poisson n’est malheureusement, qu’une liste réitérée de restrictions qui depuis un an, se substituent les unes aux autres selon le bon vouloir de notre maître, Macron.

Oui je sais, ça fait chier…

Hier pourtant, l’occasion était belle pour redorer son quinquennat. Faire montre de niaque en allant à contre-courant de tous les esprits collaborationnistes d’intérêts putassiers qui depuis des mois, lui susurrent à l’oreille, que faire et surtout que dire. Mais il faut se rendre à l’évidence. Il en va sous les ors de la République comme sous les toits du peuple : certains maîtres y auront toujours l’air de valet. Que dira l’Histoire de notre maître des horloges comme il se plaît lui-même à se nommer ? Qu’il se contentait de remonter les pendules ? Manitou de la breloque, cador des cadrans ou grand Maître des cloches ?

Mais imaginez un instant ! Imaginez qu’il soit apparu hier soir non pas tiré à quatre épingles bleu roi, cravate assortie, mais vêtu décontracté. Je vous l’assure, il aurait déjà capté notre attention et banni de nos regards, cette montée lasse d’yeux au ciel, zappant au premier mot énoncé son navrant discours amphigourique. Imaginez qu’au lieu de scotcher un regard dénué d’expression sur son prompteur, il ait poussé table et chaise pour s’adresser à nous, non pas debout, mais en mouvement. Sûr que notre curiosité, même rigolarde, se serait mise illico sous tension. Imaginez qu’abandonnant le sempiternel « mes chers compatriotes », d’autant plus que nous ne sommes ni ses chers, ni ses compatriotes au vu de sa fâcheuse lévitation hors sol, qu’il ait traversé virtuellement la rue pour faire son job d’une façon moins empruntée, plus conviviale. Imaginez donc que plutôt que de nous ressasser des news qui n’en sont plus tant ses pythies funèbres Castex, Véran et consorts s’en sont faits par anticipation les oracles auprès de la presse mainstream, obèse de vacuité, il se soit adressé à nous en ces termes :

« Le moment est venu d’assumer mes responsabilité de chef d’état et de chef de guerre. Je vous l’avoue, et quoiqu’il m’en coûte, je vous dois des excuses. Je me suis planté sur toute la ligne, au grand dam de vous tous. J’ai décidé ce soir de tomber la veste et la cravate. De casser l’étiquette et les codes de la com’. N’en soyez pas surpris. Pas plus qu’il ne faut. De toute façon rassurez-vous, vous n’êtes certainement pas les seuls. Mon équipe qui veille en coulisses, de celui qui a écrit mon discours en passant par la coiffeuse qui vérifie l’exactitude géométrique de ma mèche, sans oublier tous ceux qui me conseillent, me pressent, me poussent, m’arrêtent, me suggèrent telle ou telle décision, flippent quand je ne les écoute pas et jubilent de satisfaction quand ils pensent qu’ils parlent par ma bouche….Tout ce petit monde là est, j’en suis persuadé, aux abois. Au contraire de vous qui en restez bouche bée et en riez nerveusement, ils vadrouillent dans la panique. Leurs smartphones sont en train d’exploser ! Qu’est-ce qu’il nous fait là, Manu ? Il a pété un câble ? Pour qui il se prend, c’est grâce à nous s’il est président ! A nos influences, à nos réseaux et à notre argent. C’est pas possible, il est en train de foutre en l’air sa carrière ! Et la nôtre avec !

Et bien oui, c’est exactement ce que j’ai décidé de faire, ce soir. Pas de prompteur, pas de discours prémâché, pas de gestes surfaits pour mettre en scène sa vacuité. Bas les masques ! Covid à l’aube, Covid au petit déjeuner, Covid à midi, Covid du matin au soir, Covid jusque dans les chiottes, je n’en peux plus. Ras le bol ! Cela fait plus d’un an que je les écoute. Les Jean Castex, les Olivier Véran, les Jérôme Salomon, les Jean-François Delfraissy, les Alain Fisher. Et plein d’autres. Une bande funèbre de bras cassés catastrophistes et pour certains d’entre eux, d’une incompétence systémique, à me faire regretter Edouard. Virés ! Oui, je les vire. Tous. Virés également des plateaux de télé, des radios et des journaux tous ces médecins, scientifiques, tous ces spécialistes en « logie » dont la cacophonie contradictoire est devenue ingérable et hautement toxique pour l’opinion. Virés les lobbies qui les sponsorisent. Virés le conseil sanitaire de défense, le conseil de l’ordre des médecins, le conseil scientifique. Il faut sortir les poubelles. Place au bon sens !

Vous savez, ce n’est pas parce que je suis président que je sais tout. Bien au contraire ! C’est justement pour cela que je suis submergé de fiches de synthèse, rédigées par conseillers, plus ou moins probes, je veux dire intègres, honnêtes intellectuellement, et loyaux. C’est comme en tout. Le savoir rend ceux qui croient le posséder, dogmatiques, voire intégristes. Et quand la science s’érige en religion, c’est foutu ! J’étais comme vous. Je n’y connaissais rien en virus. Aujourd’hui, on est tous des spécialistes en virologie. Plus ou moins brillants, je vous l’accorde. Mais suffisamment pour penser qu’on a tous notre mot à lui dire à ce Covid. Et surtout qu’il arrête de nous lobotomiser.

C’est là où je me suis magistralement gouré. Un chef de guerre contre un virus ! C’était pompeux et ridicule. Les virus étaient là avant nous, ils seront là après nous. Ils ont résisté à tout. Aux pires changements climatiques comme à notre arsenal médicamenteux. Rendez-vous compte ! Des égyptologues anglais ont trouvé des traces du virus de la polio sur un squelette datant de 3400 ans avant JC. On a éradiqué, dit-on, le virus domestique de la polio, mais le virus sauvage, ainsi que ceux dérivés du vaccin, circulent toujours et rien ne nous assure qu’ils ne vont pas entrer de nouveau un jour, en éruption ! Vous voulez le fond de ma pensée : apprendre à vive avec eux est un leurre. Quoi que nous fassions, ils n’en ont rien à foutre de notre avis. Pour vivre et se développer, les virus et leurs variants doivent nous coloniser. Qu’on le veuille ou non ! C’est Darwin chez les microbes !

Enfin bref, ignorant de tout ce monde invisible, il m’a fallu non pas me mettre à l’ordre du jour, pas le temps, mais empoigner vite fait le taureau par les cornes. Pour plagier l’écrivain Cesare Pavese, « la mort viendra et elle aura tes yeux », et bien la mort était déjà là et affûtait ses protéines Spike, bien avant que l’on réagisse. Situation inédite. Chef de guerre, théoriquement sur le papier ou dans un discours, ça en jette ! Pratiquement il faut des armes, une stratégie et une logistique. Et la France est la championne des lignes Maginot tout azimut. Je le reconnais et je l’assume, j’endosse la pleine responsabilité de leurs multiples défaillances. J’ai été en-dessous de tout. J’ai fait confiance, à ma décharge, à l’Union Européenne. Y’a pas de masques, y’a pas de test, y ‘a pas de lits de réa, y’a pas de traitements, y’ a pas de vaccins… Merde, où sont passées les doses ? C’est le tube français de la pandémie. Vous le connaissez tous, tant il a été et est encore répété partout sur l’air des lampions. D’ailleurs, j’aurais dû imposer ce thème à Mcfly et à Carlito. Là, l’exécutif a fait le buzz ! Pour ma défense personnelle, les fakes news ne sont pas uniquement le fait des complotistes ! J’en ai essuyé quelques unes. Un exemple tout chaud : les autotests. Là, on retombe sec dans l’allégorie des y’a pas, au prétexte que le ministre de la santé vous prend pour des cons, arguant que leur maniement est trop complexe pour vous et se référant à un décret. Il jure par tous les saints du ciel qu’en tant que dispositif médical, ils ne peuvent être vendus que dans les pharmacies. Or, les grandes surfaces vendent des tests de grossesse et d’ovulation ! Voilà comment naissent les scandales d’État. De magouilles personnelles dûment masquées.

De fait, l’arrière-boutique du pouvoir ressemble à une maison de passe. Gouverner n’a rien de glorieux. C’est faire croire, dissimuler, mentir, voler, spolier, ignorer, marchander, mécontenter, tricher, corrompre et manipuler. Vous en avez essuyé les plâtres. Sans armes, l’unique stratégie disponible et efficace à ma disposition était la peur. Peur de perdre son travail, de ne pas pouvoir joindre les deux bouts, d’être abandonné, peur pour l’avenir de ses enfants, peur de la Covid, peur de l’autre, peur de mourir et son corallaire inique, la peur de vivre. Cette peur orchestrée, je ne l’ai pas sortie de mon chapeau, mais de l’Histoire, récente ou non. Un poison lent qui savamment distillé fait obéir les peuples. Tous les peuples. Pas un de vous pourrait aujourd’hui me contredire là-dessus. Et croyez-moi ou pas, chacun de mes conseillers y a été de sa suggestion.

Mais c’est fini, tout ça ! Privatiser vos vies, amputer vos droits, réduire vos libertés, aseptiser vos esprits, nier votre intelligence, mépriser votre bon sens, confiner, déconfiner, reconfiner, couvre feu… Rien n’a marché. Un an après, on court toujours après le virus. Ou plutôt non, c’est lui qui nous tient la chandelle. En plus, ça coûte un pognon de dingue que les générations futures vont devoir rembourser, si l’on veut rester crédible auprès des banques.

Vous n’êtes pas sans ignorer mon admiration pour Bonaparte, De Gaulle ou Churchill. Mais n’écrit pas l’Histoire qui veut et n’est pas non plus Churchill ou De Gaulle qui veut. Il ne suffit pas d’astiquer leur pompe mémorielle à grand renfort de références pour se hisser à leur sens de « la responsabilité, prix de la grandeur », comme l’a dit Winston. Je ne laisserai certainement pas une trace dans l’Histoire à la hauteur de la leur. Mais je me refuse à en être un paillasson. Je me refuse de servir de Ponce Pilate à tous ces hauts fonctionnaires et technocrates en col blanc pour qu’ils essuient prudemment, le moment venu, leurs mains dans le torchon de leur incurie qu’ils ne manqueront pas de me tendre.

J’ai enfin pleinement saisi l’absurdité de notre gestion de la pandémie et pour être honnête, je vous le dois. En mesurant votre mécontentement, en voyant la pauvreté augmenter parallèlement à la dette nationale, en prenant conscience de la détresse psychologique de tout un chacun, pas seulement des jeunes, en parcourant les rues vides, les rideaux fermés, les boutiques, les théâtres, les cinés, les musées, les bars, les restaurants. En mesurant l’ampleur désastreuse de cette gabegie ubuesque, mortifère et inefficace, et sans oublier les grotesques attestations, j’ai pris un formidable retour de bâton. J’ai eu également la trouille de ma vie. Ma tête au bout d’une pique !

Je suis dégoûté par cette politique qui ne mène nulle part. Et au risque de foutre en l’air mon avenir, je décrète, et ce n’est pas un poisson d’avril, la fin de toutes ces restrictions sans queue ni tête. Avec quelques précautions néanmoins : fermeture des frontières jusqu’à nouvel ordre, obligation de respecter les gestes barrières, masque et distanciation, jusqu’à ce que la situation sanitaire soit stabilisée. Auto-tests gratuits et à disposition pour tout le monde. Les personnes testées positives seront isolées, soit à demeure, soit dans des lieux destinés à cet effet. La vaccination reste volontaire et les traitements qui ont fait leurs preuves sur le terrain, sans pour autant être validés par les études, souvent dénuées de neutralité, par des labos à la solde des lobbies pharmaceutiques, pourront être prescrits par les médecins généralistes.

Voilà ce que je voulais partager avec vous. Cela ne va pas être facile, ni pour vous, ni pour moi. Néanmoins, je suis et reste encore votre président. Je vous remets donc solennellement ce soir votre avenir entre vos mains. Que la joie de vivre batte à nouveau tambour. Merci. »

Imaginez s’il avait eu le courage et la loyauté de nous dire cela. Sa cote serait remontée en flèche. Il aurait gagné 2022 sans bouger le petit doigt. L’opposition, de droite, de gauche, du centre, des extrêmes, KO en quelques minutes. Et j’imagine notre réaction. Nous qui depuis des mois, nous nous faisons mettre sans protester, nous qui depuis des mois, vivons sous la botte de cette dictature sanitaire. Après les « qu’est-ce qui lui prend ? Les dites-moi que je rêve ! Waouh, c’est cool », et bien que la défiance ait miné le peu confiance que l’on a encore en Macron, je suis convaincue que le bonhomme aurait aussitôt changé d’octave à nos yeux pour cesser d’être un type déconnecté.

Hélas, Macron ne l’a pas fait. Il a préféré se tirer une balle dans le pied plutôt que d’ajouter une grandeur réellement bienveillante à son quinquennat tragique et pathétique qui tous, nous le constatons notamment depuis un an, tient plus de la feuille de chou évanescente que de l’épopée héroïque. Il a préféré miser sur sa résistance victimaire, pris en otage par son exécutif.
Finalement, l’Histoire ne retiendra peut-être de lui que ce qu’il est. Jupiter, le dieu des pétards mouillés.

Oui je sais, ça fait chier !

Je n’aurais pas dû fumer la moquette, ni penser à la blague de Richard Nixon qui le premier avril 1992, avait annoncé se présenter à la prochaine présidentielle en disant : « Je n’ai rien fait de mal, je ne recommencerai pas une nouvelle fois ! »

© L’Ombre du Regard Ed., Mélanie Talcott –02/04/2021
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1 Comments

  1. Yes, je me demandais aussi ce qu’il était arrivé à la moquette… maintenant, je sais.
    La seule chose que Macron ne peut pas dire est : « Nous sommes entrés dans cette crise comme Custer dans le défilé de la Little Big Horn. Il faudrait en ressortir illico, mais à l’entrée du défilé nous attendent les chinetoques et les ricains. Mes chers compatriotes, nous l’avons dans le prose. Je vous souhaite bien du plaisir. Vous venez d’en prendre pour des décennies. Prévenez vos gosses. Moi, j’attends mai 22 pour me casser. Sauve qui peut. »
    Pourtant, ce serait la seule façon de ne pas prendre les gens pour des cons.
    Mais « les gens » souhaitent-ils ne pas être pris pour des cons ? Arrêter leurs rêves à 2 balles ?
    Vaste question.
    Merci pour l’article !

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