Un jour peut-être, Dominique Lebel et Carmen seront aussi célèbres que Philippe Geluck et son chat…
Carmen et sa robe d’un rouge aussi vif que sa verve se balade au fil du temps qu’elle démonte, remonte, fait et refait dans notre quotidien qu’elle chamboule au gré de ses humeurs, tantôt tendres, tantôt ironiques, parfois vachardes, mais toujours dénuées de méchanceté mesquine.
Le monde est trop petit ou trop grand pour elle. Elle y ajuste constamment ses étonnements avec un humour décalé. On l’imagine ébouriffée, la robe flamenca en bataille et même avec des chaussettes dépareillées ou alors très grande dame, un peu hautaine comme ces bourgeoises catalanes qui non sans une certaine condescendance, vous lisent l’apparence comme si elle signait la qualité de l’être.
En se racontant, elle nous raconte. Ce qui la fait rire ou pleurer, fuir aussi, les mots sans chichis en bandoulière, la tête dans le sable ou les yeux dans les étoiles. Elle nous parle des livres qu’elle aime, évite ceux qu’elle n’aime pas, griffe ceux qu’elle trouve par trop mauvais. Elle nous emmène au musée, au restaurant et nous embarque dans ses shoppings improbables. Elle nous fait partager son intimité et ses délires. Elle se moque d’elle même, du temps qui passe et la regarde passer. Elle a la colère qui gronde tout au fond et l’impertinence pour apaisement.
Quotidiennement, Dominique Lebel nous offre généreusement sur son blog des éléments de son propre puzzle, une Carmencita acidulée, mélancolique, meurtrie par ses défaites, nourrie par ses rêves et ses victoires, révoltée d’impuissance par l’incommensurable sottise des êtres humains. A nous d’en reconstituer notre propre mantra…
© Mélanie Talcott – L’Ombre du Regard Ed – 24 décembre 2016
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