Lus d’une traite….

Enfant, je lisais  comme d’autres jouent à la poupée ou aux petites voitures. Collection rose, bibliothèque verte, collection rouge et or, les contes et légendes des provinces françaises et d’ailleurs… Plus tard, j’eus ma période biographie. Je lisais surtout celles des musiciens dits classiques. Pendant longtemps, la surdité de Beethoven me fascina. Un type capable d’entendre la musique dans sa tête avant d’en écrire la moindre note ! Je rêvais d’en faire autant avec les mots, tant je croyais alors qu’ils pouvaient changer le monde.

Mais le premier bouquin, un de ceux que je lis d’une traite quoiqu’il advienne, qui marqua véritablement un avant et un après, fut Martin Eden, de Jack London. Comme souvent, parfois par simple curiosité comme il advint avec Henry Miller, j’ai ensuite lu quasi tous les livres de London, ces histoires sur les sinistrés de la vie et jetés au rebut, dont Les condamnés à vivre et Le peuple de l’abîme qui me valut plus tard une belle anecdote.

La première fois que je suis allée à Londres, n’étant pas une adepte des circuits touristiques obligés, après un fabuleux repas dans un restaurant japonais où régnait un subtil apartheid, une salle pour les Japonais et une autre pour tous les autres, mais où tout le monde dînait déchaussé et assis sur ses talons, j’ai pris un taxi et baragouiné dans un mauvais anglais la direction, l’East End, qui n’était pas encore devenu – loin de là ! – le quartier branché où il faut absolument être vu.

Tout comme l’un des employés de l’agence Thomas Cook de Cheapside, bien des années auparavant l’avait fait remarquer à Jack London lorsque celui-ci s’était proposé d’explorer ce quartier, le chauffeur de taxi m’expliqua que l’East End n’existait pas, puis que c’était impossible d’y aller, que ma demande était par trop inhabituelle et qu’il fallait demander l’autorisation à la police. Je lui parlais alors du Peuple de l’abîme… Il embraya et me déposa dans la rue où lui-même était né et avait passé son enfance, Whitechapel Road.

A suivre…

© L’Ombre du Regard Ed., Mélanie Talcott  – 2011

 

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