Dessin de Marcel Nino Pajot, Don Quichotte contre les Géants

Oui… Je sais, ça fait chier… (2)

Changer le monde, y croire, ne pas y croire, faire ou ne rien faire… C’est un peu peines et causes perdues, Mais j’imagine qu’en ce moment même, d’autres personnes ailleurs s’interrogent également.

Méconnaissance de l’Histoire ou pruderie d’autruche ? On a la très regrettable habitude d’oublier un détail qui a pourtant une importance cruciale dans l’abject qui nourrit nos colères de citoyens. Une évidence dont on sa lave les mains dans les urnes. Aujourd’hui comme hier, dès lors qu’une femme ou un homme deviennent président d’un pays, c’est qu’ils ont été financés et cautionnés préalablement par des financiers, des technocrates et des intellectuels, à l’intérieur comme à l’extérieur de son pays. Jamais ils n’auraient pu accéder au plus haut niveau de l’État et y rester parfois durant des décennies sans avoir une bande de souteneurs qui leur lèchent les basques.

Actuellement, la démocratie s’affole et s’affale, s’effondre et devient molle. Du nord au sud et de l’est à l’ouest, on est vraiment dans la merde. On oublie vite fait les tragédies et les morts qui l’ont construite. Les nationalismes les intégrismes et les racismes renaissent. Tout dégénère et devient relatif, ou plutôt sans importance. La démocratie ne se résume guère plus qu’à aller à la pêche aux voix au détriment du bien-être et du bonheur des hommes. Elle n’a jamais eu la sagesse d’accepter qu’elle ne peut être un système universel, hégémonique et judéo-chrétien. Tout au contraire, elle fait croire aux peuples qu’ils ont la possibilité de…, alors que les élites qui la tiennent en pogne, s’y opposent férocement. « Que le peuple reste où il est, pensent-ils – tel est leur mort d’ordre – parce que s’il arrive à mon niveau, les décisions devront être pluralistes et nous ne voulons pas d’une démocratie ouverte qui signerait l’arrêt de mort de notre pouvoir.

Depuis trois générations, on vit peinard dans la douillette certitude que le sang s’arrêtera à nos frontières, Et pourtant, nous le sommes en guerre. Insidieuse, atterrante et aliénante. Celle qui nous mobilise en hordes désordonnées, c’est la bataille pour l’emploi, à coups de chiffres et de statistiques. Le cheval de Troie de tous les gouvernements. Il leur suffit de se mettre dans le cul le thermomètre du chômage pour prendre la température du peuple. L’objectif à défendre ? Le pouvoir d’achat. Déjà rien qu’à l’énoncé, on sait qui fournit les balles. Dans ce sens là, un people, un intello en goguette, un concert des Enfoirés, un Téléthon, une campagne pour, une autre contre… et même se taper le pavé samedi après samedi deviennent autant de petits pansements philosophiques que nous mettons à nos ampoules d’indignés. Cela nous dédouane et nous permet de penser que je nous ne sommes ni des salauds, ni des collaborateurs du système capitaliste. Une part de nous-même adhère à leur attitude. Voilà ce que l’on finit par se dire. Oui, je sais… ça fait chier….

Personne néanmoins n’est dupe. Ni les élites qui s’en défendent, ni le peuple qui le devine. Certes il n’a pas toujours les preuves de ses intuitions. En même temps quand il les a sous le nez, il ne veut pas y croire. Son grand mot, c’est : « faut voir ! » Pourtant, il est au parfum de toutes ces magouilles politiciennes, puisqu’il y collabore. Quand un paysan balance des pesticides sur tout ce qui bouge, il en connaît les conséquences. Quand un riche planque ses radis dans un paradis fiscal, lui aussi est au courant de sa malversation. Mais chacun veut sa part du gâteau à n’importe quel prix, et ce d’autant plus si en haut, on nous regarde comme des trous du cul. C’est un gigantesque foutage de gueule…  

© L’Ombre du Regard Ed., Mélanie Talcott  – 16/06/2019 –

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