Si Macron osait le dire…

Avertissement : Ceci est un pamphlet

« Ce petit mot pour partager mes états d’âme, ceux supposés du Président Macron, voté démocratiquement et ceux d’Emmanuel, à peine quarante ans, formaté et dressé aux meilleurs jus du pouvoir.

 

Françaises, Français

J’entends votre colère, vos revendications, votre ras-le-bol, mais croyez-moi, je suis surpris que vous ne les exprimiez qu’aujourd’hui.

Depuis combien de temps, vous taisez-vous ? Depuis combien de temps, êtes-vous complices et collaborateurs de ce système ? Depuis combien de décennies, acceptez-vous sans rechigner l’inacceptable, le cynisme, l’insanité pour vos paysans, vos femmes, le monde ouvrier, vos instituteurs, vos jeunes, vos anciens et tous vos gens, dédiés corps et âmes au service public ?
Où étiez-vous ? Sur quelle planète ?

Mes prédécesseurs, également votés démocratiquement, vous ont, eux aussi, tout promis. Ils vous ont tous trahi, le sourire prédateur aux lèvres. Et malgré cela, vous en avez rajouté une couche, en leur accordant, pour certains, un second mandat !

Dans mon milieu, celui des privilégiés, on est toujours effaré de votre pusillanimité, de votre morale à voile et à vapeur, de vos revendications contradictoires, de votre mémoire Alzheimer et de votre passion pour 1789.
Cette pusillanimité vous dédouane de vous responsabiliser, même lorsque Mme Ségolène Royal, candidate à l’élection présidentielle, vous propose de vous impliquer dans ce que l’on appelle la démocratie participative. La grande majorité d’entre vous ne lui a pas fait confiance. Vous vous êtes carrément foutus de sa gueule. Une femme, en plus ! ironisiez-vous.

Mr. Lassalle a parcouru à pied deux ou trois milles kilomètres, du nord au Sud de la France, pour en prendre la température – un vrai boulot de député. Au terme de son périple, il a fait part publiquement de ses observations. « Il y a une lame de fond qui est en train de se former, une tristesse, une anxiété, une peur du futur. Les choses vont mal et ça explosera un jour… », a-t-il dit. Vous vous êtes aussi foutus de sa gueule. Vous et ses collègues députés, vous l’avez pris pour un illuminé.

Combien d’entre vous ont lu, afin de mieux s’informer, des ouvrages de sociologie, d’anthropologie, de science politique, d’histoire, d’économie ou de philosophie ? Moi, j’en ai lu beaucoup. Peut-être trop, peut-être mal. Mais vous, quoi ?

Selon vous, la culture n’est pas compatible avec vos passions populaires, du foot au rugby, ou avec vos centres d’intérêt, de Nabila au porno, en passant par les histoires de petites culottes du show-biz ou leurs biographies photoshopées ? Mais putain, quand je vous entends ahaner sur les plateaux de télé, incapables de faire une phrase cohérente, je me dis que Nabila pourrait parfaitement être votre porte drapeau !

Vous n’avez pas compris, vous ne voulez pas comprendre que votre pays, mon pays, la France, n’est plus – et depuis déjà longtemps – maître à son bord. Nous obéissons, bon gré mal gré, à des forces financières sans patrie, ni frontières, dont l’un des nids visibles est à Bruxelles et le plus important, l’invisible est dans le darknet. En face, il y a des blocs puissants comme les États-Unis, la Chine, l’Inde, la Russie et quelques autres. Ils font tout pour que l’Europe se casse la gueule… Beaucoup sont revanchards et sucrent de leurs ressentiments, chacun de leur petit déjeuner. La roue tourne. Notre hégémonie colonialiste, qui a outrageusement fait notre fortune au dépens des faibles, des peuples différents, s’effiloche et s’amenuise. Chacun veut sa part du gâteau, sans compassion aucune. Le retour de bâton… sera douloureux, vous en aurez mal au cul. « C’est loin, ce n’est pas encore dans mon lit..  », vous dites-vous. En êtes-vous bien certains ?

Si vous m’accompagniez dans mes déplacements, si vous assistiez aux réunions et aux colloques en France et à l’international, vous seriez ébahis de découvrir peu à peu ce qui motive réellement et uniquement l’Humanité, moi le premier : le pognon et le pouvoir. Point. Hier comme aujourd’hui et comme demain. Tout le monde le sait, mais personne en a l’entendement.

Tous ces hommes et ces femmes sont l’élite de nos nations. Ils ont des familles et sont, à leur manière, sensibles… à préserver leur lumière de votre obscurité miasmatique. Ils sont formatés, dressés, tout comme je le fus moi-même, dans les grandes écoles pour devenir des leaders, des patrons et des capitaines de navire, comme vous l’êtes pour produire, obéir et constituer une matière première, corvéable à souhait et au service de…

Alors oui, les riches me préoccupent. Cela vous fait marrer ? Mais vous avez raison de vous offusquer ! En ne payant pas ou très peu d’impôts, les entreprises comme Google, Total, McDo, Starbucks, Whirpool, Amazon, Dassault, Louis-Dreyfus, Apple sont en train de niquer le futur de vos enfants et de vos petits-enfants. Je le sais ! Mais soyez justes. Vous trouvez des McDo n’importe où sur notre territoire. Vous y allez souvent manger sur le pouce. Leur Big Mac a remplacé notre bœuf bourguignon. Vous êtes les clients et consommateurs de toutes ces entreprises hégémoniques. Vous constatez ainsi par vous-mêmes, qu’elles représentent des milliers d’emplois. Elles échappent à l’impôt, justement parce qu’elles ont cette potentialité. Aujourd’hui le monde est tel, que si on ne les criminalise pas, on ne les arrêtera pas. Elles iront planter leur drapeau ailleurs, emportant avec elles des milliers d’emplois. Quel président s’y risquerait ? Ne vous faites pas d’idées ! Si je le faisais, nombre de pays concurrents agiteraient leurs drapeaux pour les accueillir : “ouh, ouh, on est là. Venez vous installer chez nous. Vous ne paierez rien. Tapis rouge...”. Voilà la réalité. Que puis-je faire d’autre, sinon les favoriser ? Elles amènent de l’emploi et de l’investissement. Votre voiture, son énergie, votre souris sur la toile, vos vacances etc… n’existent que par elles.

Nous autres, les puissants n’existons que pour entretenir l’esclavage. Partout et de tout temps. Nous sommes une infime minorité et nous contrôlons la majorité, malgré nos apparentes divergences quant à notre fidélité pour cette mafia d’une cruauté sans limite, soyez-en certains. What else ? Je suis d’accord avec vous ! Les violents, c’est nous. Les traîtres, c’est nous. Les génocidaires, c’est encore nous. Mais que voulez-vous ? Dans ce court laps de temps qu’est notre vie, nous préférons être du bon côté du manche. Si nous ne l’étions pas, soyez-en certains également, vous seriez à notre place.

J’assume la dictature du fisc et du fric ! Les impôts paient nos systèmes publics. Beaucoup étant déficitaires, notamment en cambrousse, je les élimine. Vous me parlez d’évasion fiscale, de paradis fiscaux. Quatre vingt à cent milliards par an pour la France, entreprises et particuliers. Mille milliards par an dans l’Union Européenne. Faire revenir ce pognon? N’y songez pas ! C’est une mafia internationale et je tiens à ma peau. Mais bon, puisque nous en sommes aux chiffres, laissez-moi vous en rappeler un autre : cent huit milliards par an. Il ne vous dit rien ? C’est ce que coûte votre absentéisme à notre économie. Cela pose un petit problème non ? A vous, non ? Moi, on m’a appris que si les conditions d’un travail ne me convenaient pas, je ne le prenais pas. Si je l’acceptais, je bossais. Je m’impliquais dans l’entreprise.

Vos contradictions m’emmerdent. Un exemple ? Vous poussez des cris d’orfraie au vu des salaires des grands patrons du Cac 40 ou des grandes entreprises françaises – entre nous et soit dit en passant, nettement plus élevés que le mien. Ceux de Carlos Ghosn (Renault), de Bernard Arnault (LVMH), de Jean Paul Agon (L’Oréal), etc. Les moins fortunés d’entre eux palpent cinq millions d’euros par mois. Ils donnent du boulot à des centaines de milliers de personnes en France et à l’étranger. Par contre, applaudir 22 millionnaires, Pogba, Griezmann ou Benzema, dont le taf est de taper dans un ballon, ne vous emmerde pas le moins du monde.

Les Japonais ont mis Carlos Ghosn en prison. La belle affaire ! Depuis des décennies, mes prédécesseurs comme moi-même lui tirons le tapis rouge. Pourquoi nous, ne lui avons pas demandé des comptes ? Pourquoi ne l’avons-nous pas obligé à payer équitablement ses impôts ? Pourquoi n’avons-nous rien vérifié, alors que l’État est actionnaire à hauteur de 15% de Renault ? Pourquoi est-ce les Japonais qui nous montrent le chemin… Le chemin de quoi d’ailleurs ? Simple. Le chemin du droit et de la justice, dites-vous ! En apparence seulement, car en affaires comme en politique, celui-là n’est jamais pavé que de bonnes intentions pour le public. Si je lançais mes chiens de garde sur les petits arrangements de Ghosn avec le fisc, je devrais les lancer sur beaucoup d’autres. Vous êtes leurs otages. Le comprenez-vous mieux ?

Quoi que vous en pensiez, les plus gros emmerdements, c’est pour le politique. Au nom du pouvoir d’achat, vous voulez tout, et si c’était gratuit, ce serait encore mieux. Le pétrole ? Il vous en faut pour vos bagnoles de cinq places, qui n’ont souvent qu’un seul occupant. Mais les gars, que je sache, le pétrole ne se trouve pas dans vos jardins ! Pour en avoir, il va falloir que quelqu’un fasse le sale boulot pour vous. Vous croyez que la Syrie, c’est juste pour niquer Bachar ou défendre les Droits de l’Homme ? Pourquoi on y est tous, comme on l’était en Libye ou en Irak ? De cela, vous ne voulez pas en entendre parler. Ni des mômes qui meurent dans les mines de cobalt en RDC pour que vous ayez une batterie dans vos portables. Et la liste de votre éthique d’autruche est infinie. Au fond, dès qu’il s’agit de vos intérêts, vous faites comme moi. Vous refusez que l’on y touche. Et vous voudriez que je vous fasse confiance ? Que je vous demande votre avis ? Vous vous croyez meilleur que moi ? Quelle blague…

Vous qui depuis des années, ne gueulez pas après vos députés, n’exigez pas qu’ils fassent leur boulot de représentation des citoyens et des régions, à l’Assemblée Nationale. 500 députés et quelques 300 sénateurs… Ils gagnent en moyenne 7000€ par mois, plus les frais. Ils ne foutent pas grand-chose, l’hémicycle est souvent vide. Ils se font porter pâle, vous ne dites rien. Pas de problème pour vous ? Où étiez-vous ? Au foot ? En train de regarder du porno ? En train d’écouter Hanouna ? Ou de pousser vos caddies dans les temples de la consommation, encore la consommation, toujours la consommation. Bref… dans le pouvoir d’achat. Pathétique, non ? Maintenant, vous exigez que je prononce la destitution de l’Assemblée Nationale et que, vous, le peuple, y soyez véritablement représenté. Franchement, vous vous imaginez en députés ? La plupart d’entre vous n’est pas foutue d’aligner correctement trois phrases audibles ! Vous vous voyez dans les instances internationales ?

Permettez-moi une question : combien d’entre vous suivent à la télé les séances à l’Assemblée Nationale ? Bien peu, n’est-ce pas ? Mais qu’une grève de la télé empêche la retransmission d’un grand match du mondial et une foule hargneuse de descendre dans la rue à cramer de la voiture et foutre en l’air des vitrines.

Vous dites que vous savez ce que vous voulez. Mais depuis quand ? Faut pas déconner ! Regardez vous ! Un type travaille dans une entreprise qui fabrique des boulons. L’entreprise ferme pour diverses raisons et le type, de chialer : « J’ai ma baraque à crédit, ma télé à crédit, ma bagnole à crédit, ma vie à crédit. Comment vais-je faire ? » Et il me demande à moi de régler sa mauvaise gestion ! Il m’en rend même responsable ! J’ai envie de lui dire : « eh mon gars, t’as pas compris que dans le monde actuel, tu dois être capable d’être un nomade. C’est fini le job fixe, c’est fini la ville ou le village où l’on reste toute la vie. »

Vous savez, la véritable raison de tout le bordel que vous montez en chantilly, est qu’il n’y a plus d’implication. Il n’y a plus rien. Voilà pourquoi on est dans la merde. Et je ne suis pas le seul coupable. Vous en êtes aussi responsables. Vous n’êtes pas meilleur que moi.

Vive la République et Vive Moi….» »

 

Au-delà de ces états d’âme que je prête à l’homme Macron, au vu de la gravité de la situation actuelle, de la non réponse du gouvernement, de son cynisme, de son incompétence apparente, du dogmatisme de classe, de l’incompréhension qui s’installe, s’il voulait pérenniser son pouvoir autocrate, j’espère que ce n’est pas intentionnellement préparé de longue date par lui et ses mentors pour faire s’affronter deux France, comme durant la dernière guerre, une sincère et résistante et l’autre dévoyée et collabo, afin de justifier un état d’exception sous contrôle de l’armée et une politique de la terre brûlée à la Erdogan.

© L’Ombre du Regard Ed., Mélanie Talcott – 7/12/2018 –
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