C’est de l’art, je te dis…

L’échelle humaine, Charles Semser, 1973

Qui est le plus délirant cette sculpture,  L’Echelle Humaine de Charles Semser, œuvre de 1973, planté comme un anachronisme visuel au beau milieu d’un village savoyard ou le mode d’emploi rédigé par le sculpteur pour nous guider dans les affres subliminaux de sa création ? Jugez-en plutôt…

« La société occidentale est représentée par des personnages colorés qui essaient de grimper sur l’échelle noire représentant le tiers-monde. Symbole du processus de la colonisation du tiers-monde, la grande échelle montre aussi que les grimpeurs cherchent à arriver en haut dans le tissu social où se trouve la puissance de l’argent : l’homme au sac d’or qui rejette tous les attaquants. Seul le poète, les pieds en fleurs, assis sous l’échelle, est incapable de grimper.

« En bas à gauche, on voit le sportif en tee-shirt rayé, qui fait du lèche-cul à la femme bourgeoise (bas bleu-violet) avec la cagoule du ku klux klan flottant sur son pied droit. 

Elle soutient le beau-parleur qui l’a séduite et crie des menaces de mort au roi de la finance (les bulles blanches sur les côtés suggèrent les paroles, comme dans les bandes dessinées). En bas à droite, on trouve la petite fille encore innocente, qui cherche à joindre sa mère. Celle-ci rejette son mari pour courir après le militaire, qui tient encore la jambe de sa dernière conquête. Lui-même, en bon soldat, aide l’Eglise (le prêtre en violet qui prêche contre le mal). Le corbeau (le mal), qui attend les restes, vole parmi les paroles. Au centre on trouve le couple perdant, qui représente toutes les victimes qui ont raté l’ascension. »

Quand j’ai lu cela, j’ai pensé à la vieille dame qui habite en face de chez moi, à ce qu’elle dirait si au lieu d’avoir juchée sur la fontaine de la place, une statue de la Vierge Marie devant laquelle elle se signe chaque fois qu’elle passe devant, elle devait saluer cette espèce de partie de jambes en l’air intellectuelle, moche et triste. Se dirait-elle que c’est de l’art avec je ne sais combien de majuscules ?

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Charles Semser, né en 1922 à Philadelphie (mort en février 2011), après ses études à l’académie des Beaux-arts de sa ville natale et à la Fondation Barnes, arrive à Paris en 1949, avec une bourse d’études de peintre, et s’y installe. Il a participé à de nombreuses expositions. Ses sculptures sont réalisées à partir de deux techniques : le ciment armé coloré dans la masse et le grès émaillé. A travers ses sculptures figuratives colorées, il dit décrire avec humour, souvent noir, et causticité un univers caricatural, le nôtre.

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1 Comments

  1. J’ai toujours eu du mal a comprendre « l’art moderne »!!! Etant de 1953!!! ce que j’appelle « moderne » démarre relativement tôt dans le XXième siècle!!! Inculte que je suis! me direz-vous!!! Peut-être, d’autres diront: sans doute et les troisièmes : pas du tout!!! Alors j’essaie de me reprogrammer, d’habituer mes yeux, mes oreilles, mon goût à tout ce que, culturellement je n’étais pas disposée à apprécier!!! Je ne dis plus d’entrée de jeu que je n’aime pas, j’essaie de comprendre ce que tel ou tel artiste a voulu exprimer!!! C’est souvent très dur car quelque soit l’effort que je m’applique à faire, ce que je trouve naturellement beau, d’un point de vue esthétique, correspond rarement à ce que j’ai sous les yeux!!! Cependant certaines oeuvres qui, au départ, me dérangeaient (et oui, carrément!!!), me sont devenues au fil du temps, famillières voire même plaisantes!!! Mes enfants et mes petits-enfants m’apprendront peut-être un jour à contempler avec passion des tableaux et des sculptures qui me font sursauter pour le moment!!! Enfin, les pauvres, ce n’est pas gagné

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